EN QUOI LE PROJET GPSO* EST-IL UNE ABERRATION ?

*Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest

 
Du point de vue Ă©cologique
Ce projet va dĂ©truire prĂšs de 5000 hectares de terres (agricoles, forĂȘts et zones humides), fragmenter des Ă©cosystĂšmes et fragiliser encore plus la biodiversité  (dont une dizaine de sites Natura 2000).

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Du point de vue climat
Le chantier de ce projet aura Ă©mis, avant que le premier train ne roule, plusieurs millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphĂšre et nous aura privĂ© de 2850 hectares de forĂȘt,  reconnu comme puits de carbone. Dans le mĂȘme temps, le report modal tant attendu ne fait l’objet d’aucune Ă©tude ou quantification prĂ©cise pour le justifier

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Du point de vue démocratique
Ce projet piĂ©tine les enquĂȘtes publiques qui lui sont dĂ©favorables Ă  plus de 90%, ainsi que de multiples rapports soulignant sa non-pertinence voire son incohĂ©rence. Il est passĂ© en force sous DĂ©claration d’UtilitĂ© Publique (DUP) malgrĂ© les nombreux recours au tribunal administratif

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Du point de vue Ă©conomique et financier
Ce projet coĂ»te 14 milliards d’euros (en attende de rĂ©-rĂ©actualisation) et repose sur un financement conjoint de l’État (40%), des collectivitĂ©s qui prĂ©lĂšvent une taxe supplĂ©mentaire auprĂšs des habitants (40%), et de l’UE (20%) qui n’a pourtant jamais confirmĂ© prendre sa part

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Du point de vue énergétique
Ce projet suppose la construction de nouvelles infrastructures énergétiques pour alimenter la course au « toujours plus vite ». Le GIEC nous recommande pourtant de stopper rapidement : rouler plus vite implique de consommer plus

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Du point de vue social

Ce projet favorise les cadres et mĂ©tropolitains, et ceux parmi eux qui ont les moyens de s’acheter un billet de TGV, par rapport aux populations des plus petites communes, toujours plus dĂ©pendantes de la voiture et de ses coĂ»ts

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Du point de vue sociétal
Ce projet entretient une sociĂ©tĂ© basĂ©e sur le dĂ©veloppement et la croissance Ă©conomique, quand bien mĂȘme les limites planĂ©taires sont dĂ©passĂ©es les unes aprĂšs les autres et que les crises Ă©co-systĂ©miques se multiplient
 

LE TRAIN, UNE ALTERNATIVE ÉCOLOGIQUE À LA VOITURE ?

Une infrastructure nouvelle implique un nouveau chantier. Or, lorsque les promoteurs du projet GPSO parlent des effets positifs du train, ils oublient de dire que les liaisons en projet existent dĂ©jĂ  et qu’ils font en fait la promotion d’un doublement des voies pour accĂ©lĂ©rer le dĂ©placement d’une partie infime de la population : ce chantier est inutile.

De plus, les LGV ne sont pas des trains du quotidien, et l’investissement sur ces lignes dans la perspective d’un report modal de la route vers le train n’est pas ciblĂ© sur les trajets pertinents Ă  cet Ă©gard.

Enfin, comparer le train et la voiture dans une perspective Ă©cologique, c’est faire comme si la route et la voie avaient toujours Ă©tĂ© lĂ . En ce qui concerne le projet du GPSO, il faut plutĂŽt comparer les chantiers suivant : est-il plus Ă©cologique de construire une infrastructure pour reproduire des liaisons qui existent dĂ©jĂ , ou d’entretenir voire de moderniser les lignes actuelles justement dans l’optique de les rendre plus attractives pour la population aussi bien des mĂ©tropoles que des petites communes ?

Plus d’information sur les impacts du chantier :

Image du chantier de la LGV Bordeaux-Tours - Source

RÉPONDRE À UN BESOIN DE MOBILITÉ ?

DĂšs 2015 les commissaires enqueteurs, garant de l’enquete publique, relevaient dans les Conclusions et avis de la commission d’enquĂȘteGPSO/LN:

622 Un besoin non partagĂ©L’enquĂȘte a connu une forte mobilisation des particuliers mais les diffĂ©rentes composantes de la sociĂ©tĂ© Ă©taient Ă©galement reprĂ©sentĂ©es, en particulier les syndicats professionnels, les associations et les collectivitĂ©s locales. Aucune catĂ©gorie, mĂȘme les entreprises, n’est majoritairement favorable au projet. Les communes rurales sont trĂšs opposĂ©es dans la partie Nord du tracĂ©, plutĂŽt rĂ©signĂ©es au Sud. Au regard de l’enjeu, la commission aurait pu s’attendre Ă  une plus forte mobilisation des soutiens au projet. Au final, la commission n’a pas dĂ©celĂ© l’expression d’un vĂ©ritable besoin de lignes Ă  grande vitesse dans le Sud-ouest.

Les promoteurs du projet parlent pourtant d’un « besoin de mobilité » pour justifier ces lignes Ă  grande vitesse. S’il y a effectivement besoin d’entretenir les lignes existantes qui assurent les mĂȘmes liaisons que celles proposĂ©es par le GPSO, la nĂ©cessitĂ© d’aller plus vite reste Ă  Ă©tablir. Cet article de Julien Milanesi sur l’imaginaire des grandes infrastructures de transport montre que le gain de temps est valorisĂ© socialement dans un cadre institutionnel et social qui bannit l’oisivetĂ©, incite Ă  tenir un compte prĂ©cis de l’emploi de son temps, et Ă©limine pauses et temps morts. De plus, la vitesse est associĂ©e couramment Ă  une intensification des Ă©changes, elle-mĂȘme recherchĂ©e par nos dĂ©cideurs politiques en quĂȘte de croissance Ă©conomique. Mais alors :
  • En quoi l’accĂ©lĂ©ration de nos rythmes sociaux est-elle corrĂ©lative d’un mieux-vivre ou bien-ĂȘtre partagĂ© ?
  • En quoi la croissance Ă©conomique est-elle pĂ©renne, et peut-elle ainsi servir de justification Ă  de nouveaux grands projets ?
📍 Consultez le dĂ©tail des enjeux idĂ©ologiques du projet sur la page dĂ©diĂ©e
Extrait d'un tract distribué par le collectif Extinction Rebellion en février 2023

14 MILLIARDS D'EUROS POUR NOS VRAIS BESOINS

À aucun moment, l’État ou les collectivitĂ©s financeuses ne tiennent compte, dans ce projet Ă  plus de 14 milliards d’euros, des rĂ©els besoins des français ou de leur aspiration Ă  vivre hors des cƓurs mĂ©tropolitains attestĂ©es par de multiples Ă©tudes :
  • IFOP 08/2020 EnquĂȘte d’opinion auprĂšs des habitants des villes moyennes, Villes de France, ANCT, Banque des territoires ;
  • NEXITY, 2020, « Post-confinement : Les Français en attente de plus de nature pour leur habitat » ;
  • Obsoco/Chronos, 2017, Observatoire des usages Ă©mergents de la ville, Obsoco.
 

C’est pourtant bien l’absence de desserte des territoires peu denses par des transports publics adaptĂ©s, dans un contexte de renchĂ©rissement importĂ© (prix du brut) et voulu (taxe carbone) du coĂ»t d’usage de la voiture qui a allumĂ© la flamme des gilets jaunes, puis motivĂ© la LOM [Loi d’Orientation des MobilitĂ©s]. Cette question n’est pas rĂ©solue aujourd’hui, comme l’explique Jean-Pierre Orfeuil dans un dossier complet. C’est un problĂšme pour les populations (les fins de mois) et cela reste une difficultĂ© pour les politiques climatiques : c’est le facteur qui a gelĂ© la taxe carbone Ă  un niveau non contraignant pour les gros pollueurs industriels.

14 milliards d’euros d’argent public ne seraient-ils donc pas mieux investis Ă  traiter les enjeux de dĂ©placement du quotidien qu’Ă  servir l’intĂ©rĂȘt de quelque-uns aux dĂ©placements rapides entre Bordeaux et Toulouse ?

📍  Consultez le dĂ©tail des enjeux sociaux du projet sur la page dĂ©diĂ©e
Graphique des fermetures de petites lignes et gares publié sur un article de Géoconfluences
Carte des trains de nuit, alternative aux grands projets de LGV, proposée par le collectif Oui aux trains de nuit

QU'AVONS-NOUS À PERDRE ?

La Vallée du Ciron, un cas particulier symptomatique

Quelques ressources ci-contre donnent un apercu de la gravitĂ© de la situation : pour gagner quelques minutes entre Bordeaux et Toulouse, on s’apprete a dĂ©truire – entre autre – un sanctuaire inestimable, refuge de biodiversitĂ©, irriguĂ© par tout un bassin versant dont les affluents seraient fragmentĂ©s par cette ligne Ă  grande vitesse.

Des considérations non purement écologiques

L’opposition au GPSO s’exprime Ă©galement au nom de l’appropriation citoyenne des sujets d’amĂ©nagement du territoire. Les collectifs affirment par lĂ  leur volontĂ© de dĂ©cider en commun de la maniĂšre d’habiter un territoire, et leur refus de laisser ces choix d’amĂ©nagement reposer sur des politiques priorisant les retours sur investissement aussi bien du gouvernement que de grands groupes (tels que VINCI qui a beaucoup profitĂ© de la LGV Bordeaux-Tours via son contrat de concessionnaire).
>> Plus d’infos sur les partenariat publics-privĂ©s sur un podcast de radiofrance ou sur le site de Vinci (tiens tiens).

Plus globalement ce qu’il s’agit de dĂ©noncer, c’est le choix d’investissement et les attentes de profits sur des projets dits « de service public » : le transport reste en France, comme les autres secteurs, conditionnĂ© par un impĂ©ratif de croissance et de dĂ©veloppement de mĂ©tropoles « millionnaires ». 

« Le fĂ©tichisme ferroviaire français oublie que l’objectif n’est pas de faire rouler des trains, mais de dĂ©placer des personnes » . 🔗 Lien vers cet article du Monde de juillet 2022

En rester Ă  des critĂšres idĂ©ologiques de croissance, outre le fait que ce n’est pas tenable, dĂ©tĂ©riore aussi nos rapports humains : cela conduit Ă  l’uniformisation de nos modes de vie. Lire par exemple cet article.

A lire aussi :

Les mystĂšres de la forĂȘt du Ciron, une hĂȘtraie millĂ©naire et menacĂ©e

Le Monde, 20 octobre 2024, par Weilian Zhu. 🔗 Lien vers l’article

ACTUALITÉS

Retrouvez le fil de toutes les actions sur la page dĂ©diĂ© 👉 https://www.lgvnonmerci.fr/retrospective/

13 octobre 2024 | Freinage d’Urgence comme vous ne l’avez jamais lue : retours sensibles et tĂ©moignages croustillants

Un mois et demi aprĂšs Freinage d’Urgence, une mobilisation organisĂ©e sous une banniĂšre commune par LGV Non Merci et les SoulĂšvements de la Terre, cet article entend proposer un rĂ©cit de ce qui a Ă©tĂ© vĂ©cu sur place par les participant.e.s, en privilĂ©giant une approche sensible – et non un angle analytique, qui a sa place par ailleurs dans les espaces de rĂ©flexion de la coordination de l’évĂ©nement et pourrait donner lieu a des partages ultĂ©rieurs.

Sur le camp de Freinage d’urgence le weekend du 12-13 octobre 2024, organisĂ© par LGV Non Merci, des boĂźtes Ă  tĂ©moignages avaient Ă©tĂ© disposĂ©es pour recueillir des rĂ©cits anonymes et diverses : quoi de mieux pour raconter les aventures de ce weekend que les tĂ©moignages des plus de 1500 joueur.euse.s de ce grand Jeu.
 

Ouvrir des possibilitĂ©s d’agir

Face aux difficultĂ©s rencontrĂ©es et Ă  la disproportion de la rĂ©pression policiĂšre lors des rĂ©centes mobilisations portĂ©es par SoulĂšvements de la Terre, la volontĂ© de Freinage d’Urgence Ă©tait de faire Ă©voluer le format de la manifestation « fleuve » en un ou plusieurs cortĂšges et de proposer une plus grande diversitĂ© de possibilitĂ©s.
Le pari Ă©tait de laisser la part belle Ă  l’autonomie et Ă  la prise d’initiative des participant.e.s dans un Grand Jeu Contre les LGV, qui faisait coexister lors d’un mĂȘme weekend des possibilitĂ©s d’actions aussi diverses que l’est la coordination LGV Non Merci.
Freinage d’Urgence a donc Ă©tĂ© pensĂ© comme une expĂ©rimentation de la rĂ©union entre la mobilisation de masse et l’autonomie dans l’action.

Le dispositif policier disproportionnĂ© mis en place sur le weekend n’a pas rendu la tĂąche aisĂ©e mais n’a pas dĂ©couragĂ© les participant.e.s de se rendre Ă  Lerm-et-Musset, qui ont subi et/ou dĂ©jouĂ© les contrĂŽles (5000 contrĂŽles pour 1500 participant.e.s selon la prĂ©fecture…).

« Pour venir aujourd’hui, on a pris le Totocar. Les flics controlaient Ă  l’entrĂ©e et on a fini par fourrer tout notre Ă©quipement dans le frigo, soit la cachette la plus Ă©vidente Ă  l’entrĂ©e. Mais comme les keufs sont organisĂ©s comme des pieds, ils ont passĂ© 2h Ă  controler les identitĂ©s, Ă  nous re-re-re-compter et nous demander 15 fois « mais vous ? on vous a contrĂŽlé ? » plutĂŽt que fouiller le bus et le frigo. BENEF LE TOTOCAR ! »

Certain.e.s ont réussi à sortir en cortÚge du camp pour aller construire une vigie sur le tracé, malgré la lourdeur des poutres et les obstacles naturels avec lesquels il a fallu composer.

« Lors de la marche Giga Kapla, il a fallu traverser le Barthos, un affluent du Ciron, sur un pont de fortune. Nous Ă©tions la rambarde humaine qui sĂ©curisait les copaines qui traversaient et nous remerciaient. C’était magique. Ps : mes bottes Ă©taient trouĂ©es. »

Pas toujours simple de trouver l’autonomie en forĂȘt mais l’inventivitĂ© a aussi permis Ă  certain.e.s de s’offrir un goĂ»ter divertissant trouvĂ© dans une voiture de flics embourbĂ©e sur les lieux :

« Merci au ministĂšre de l’intĂ©rieur d’avoir financĂ© les barres de cĂ©rĂ©ales!»

tandis que d’autres ont profitĂ© d’une paisible baignade :

 « Moment drÎle qui fait du bien : le mec nu campé face aux flics à sa sortie de la riviÚre ».

D’autres ont fait preuve de malice et de courage pour sortir en petit groupe :

«De retour d’une petite action nocturne pas piquĂ©e des hannetons. Comment sortir du camp? Les keufs sont partout et le sentier est embourbĂ©. On fait le choix de passer par le contrĂŽle avec bombes sous les pulls et banderoles sous les doudounes. Le flic, dĂ©sabusĂ©, commence Ă  nous embĂȘter. Jusqu’à dĂ©couvrir le contenu de notre panier Ă  pique nique, rempli de cafĂ© et de cake Ă  la courgette. La copaine, enthousiaste, commence Ă  lui en expliquer la recette. Son petit coeur tout emprisonnĂ© dans son costume de keuf se serre. Il nous laisse passer sans plus d’embĂȘtements. Trois heures plus tard, on revient victorieux.ses , juste un peu tĂąchĂ©.es de peinture. Et deux gares sont embellies!»

Nous aussi, on veut la recette 😉

«Avec des copaines, on a occupĂ© un drone pendant 1h et l’hĂ©lico pendant 30 min juste en construisant une cabane un peu prĂšs de l’autoroute (la cabane est trĂšs belle, elle s’appelle CircaĂšte Jean Le Blanc)»

D’autres encore ont rĂ©ussi Ă  surgir partout, mĂȘme en mĂ©tropole alors que le camp Ă©tait situĂ© Ă  Lerm-et-Musset au Sud de la Gironde, et Ă  faire irruption dans la gare :

«Au dĂ©part des Chartrons, une belle cinquantaine de cyclistes ont rĂ©pondu Ă  l’appel de la Grande VĂ©lorution bordelaise, parĂ© de leurs plus fulgurantes tuniques. Nous rendons visite Ă  divers points stratĂ©giques liĂ©s au projet de la Grande Vitesse. Chantant l’éloge de la lenteur, nous sommes suivies par la marĂ©chaussĂ©e. A Stalingrad, la fanfare sauvage se dĂ©tache direction la gare de Cenon. Elle saute de justesse dans un train Ă  destination de St Jean. Tout se dĂ©roule lĂ  comme prĂ©vu. 15h35. Irruption dans la gare et ses halls. DĂ©passĂ©s, la sĂ©curitĂ© et les policiers boucliers ne savent plus oĂč donner de la tĂȘte. Nous finissons par ĂȘtre Ă©vacuĂ©.es sur le parvis, la fĂȘte continue quelques temps. Nous pouvons l’affirmer. On les a faits dĂ©railler!»

De mĂȘme dans le Lot-et-Garonne oĂč plusieurs gares ont Ă©tĂ© embellies pour montrer leur nĂ©cessitĂ© pour les usagers.Ăšres :

«Sur une équipe de 4, 2 trÚs bien masqué.e.s pour installer la banderole en pleine lumiÚre sur la passerelle de la gare, et 2 en plein sur les rails pour bomber les rails au passage à niveau, on a dû se planquer à chaque voiture qui passait et je suis repartie avec une magnifique manucure or»

Ce weekend là, en parallÚle des actions publiques, des petits groupes ont décidé de lancer des avertissements aux entreprises, parfois invisibles mais pourtant impliquées dans le projet :

  • LAFARGE qui profiterait du projet de LGV en ce qu’il permettrait l’approvisionnement de millions de m3 de bĂ©ton nĂ©cessaires aux plus de 400 ouvrages d’art (viaducs et tunnels) en projet ;
  • ARTELIA, qui participe aux Ă©tudes hydrauliques du projet des LGV Sud-Ouest affectant l’ensemble des bassins versants de la RĂ©gion ;
  • SEGAT, qui permet l’expropriation de centaines de personnes tout au long du tracĂ© des LGV en projet sous couvert d’une « utilitĂ© publique » dĂ©cretĂ©e malgrĂ© les rĂ©sultats Ă  94% dĂ©favorables de l’enquĂȘte publique ;
  • EURATLANTIQUE, gigantesque projet d’amĂ©nagement consĂ©cutif Ă  l’arrivĂ©e de la LGV Bordeaux-Paris qui a conduit Ă  la gentrification des quartiers autour de la gare et poursuit aujourd’hui encore la logique de marchandisation et d’intensification du contrĂŽle des flux en mĂ©tropole ;
  • INEO (EQUANS) et IRIS CONSEIL, qui ont fait partie des partenaires majeurs de VINCI pour la rĂ©alisation de la LGV Bordeaux – Tours.

L’objectif ? Visibiliser les acteurs qui bĂ©nĂ©ficient du projet et leur signifier que l’impunitĂ© ne vaut pas quand l’on participe Ă  un projet mortifĂšre contestĂ©e largement par les habitant.e.s du territoire.

«On a taguĂ© des yeux sur des entreprises complices mais on a oubliĂ© de faire les sourcils, j’espĂšre que les employĂ©.e.s nous en voudront pas trop»

Respect aux militant.e.s qui ont bravé de nombreux risques en témoigne cette confession douloureuse :
«Je me suis embrochée le cul en escaladant une barriÚre pour tagger une entreprise, merci! »
Toutes ces actions sont revendiquĂ©es sur une carte de Freinage d’Urgence permettant de situer le weekend et de montrer son Ă©tendue sur trois jours, montrant que le mouvement porte un Ă©cho bien au-delĂ  des territoires concernĂ©s par l’emprise du projet :
Pour voir le zapping des actions, une vidéo est disponible sur le site de lgvnonmerci.

La lutte c’est aussi la vie

Au delĂ  de ce Grand Jeu contre les LGV, la volontĂ© de Freinage d’Urgence Ă©tait aussi d’ouvrir un espace-temps de vie, Ă  contre-courant de la violence du systĂšme que nous subissons au quotidien. Le camp de Freinage d’urgence se voulait comme un espace oĂč peuvent poindre les formes de vie en lesquelles nous croyons, qui ne soient pas faites de flux, de transactions, de temps de trajet, etc. Car nous ne luttons pas que contre, nous luttons Ă©galement POUR.
Pour des espaces non marchands
«Pour une fois, le prix libre était un vrai prix libre, on ne se sentait pas culpabilisé.e.s ou jugé.e.s quand on ne payait pas pour manger. Merci!»
Pour l’auto-gestion (MERCI aux bĂ©nĂ©voles !)
«Souvenir de remplissage de fosse Ă  caca : Samedi midi, on se rend compte que la plus grande des fosses prĂ©vues pour vider les toilettes sĂšches est implantĂ©e sur le terrain du voisin. RĂ©implantation d’un Ă©pandage Ă  caca sur le terrain de Philippe puis rebouchage Ă  la pelle de l’autre fosse. = Petite suĂ©e et grand contentement. Faire, dĂ©faire, refaire.»
Pour une prise en charge collective et permanente des violences systĂ©miques, qui ne disparaissent pas Ă  l’entrĂ©e d’un camp militant
«J’ai eu le plaisir d’assister Ă  la formation Violences Sexistes et Sexuelles. J’ai entendu plein de supers idĂ©es, la posture Ă©tait hyper juste et je me suis dit que c’est trĂšs dommage de ne trouver ces initiatives que dans le monde militant. Je suis pompiĂšre volontaire et ce milieu est Ă  des annĂ©es lumiĂšre de ce que j’ai vu ici. C’est une autre planĂšte.»
Pour une lenteur joyeuse qui permet de vivre un rapport sensible au monde
«La baignade dans la riviÚre, nager à contre courant, le chant des oiseaux, le rire des gens, le vent dans les arbres.»
Pour la solidaritĂ© face Ă  l’adversitĂ© et la violence du monde
«Entendre les copaines chanter depuis leur tente lors du passage agressif de l’hĂ©lico, et y joindre ma voix, m’a fait nous sentir ensemble et grand.e.s face Ă  la police qui voudrait nous faire sentir petit.e.s et impuissant.e.s»
Pour un décloisonnement des formes de lutte et des générations
Comment ne pas sourire en voyant
« L’enfant de 8 ans qui traversait le camp en criant»J’aurais du prendre ma cagoule!!! »
Comment ne pas sourire en lisant les témoignages des ancien.ne.s de la lutte ?
«Je ne suis plus de la premiĂšre jeunesse et voir tous ces jeunes soucieux.ses des autres et attentifs, inventifs, organisĂ©.e.s m’a donnĂ© du baume au coeur.»
Alors si des phrases comme « Pour une fois, j’ai pas eu le sentiment de militer comme une acharnĂ©e. Mais j’ai senti nos coeurs battre ensemble et ça m’a donnĂ© espoir. » peuvent paraĂźtre teintĂ©es d’un utopisme dĂ©calĂ© pour les parties-prenantes du systĂšme, pour nous, elle manifeste ce en quoi nous croyons et ce que nous souhaitons faire vivre par la lutte, le temps de, et bien au delĂ  de, ce weekend de mobilisation.

Nous lier pour mieux résister

Il ne s’agissait pas juste de crĂ©er une bulle le temps d’un week-end mais au contraire de se rencontrer, rĂ©ellement, et pas seulement de se croiser, entre opposant.e.s Ă  ce projet mortifĂšre, de tous horizons : habitant.e.s du tracĂ© impactĂ©.e.s directement, militant.e.s de la premiĂšre heure ou jeunes pousses activistes, adeptes des manifestations, des recours juridiques ou de l’action directe, flĂąneur.euse.s, etc.

Au sein du cortÚge collectif forestier, la diversité était joyeuse :

«Entendu dans le cortĂšge des Kaplas : – ACABACABACAB! – ACAAAAB!!!!! – Mais pourquoi ils crient tous»A table«? a dit une dame de l’aĝe de ma maman (j’ai 27 ans pour vous donner un ordre d’idĂ©e). VoilĂ  j’adore ce mĂ©lange que des Ă©vĂ©nements comme ça crĂ©e.»

Les jeux en petit groupe ont aussi permis ce mĂ©lange fertile et a donnĂ© Ă  des personnes la possibilitĂ© d’agir selon de nouvelles modalitĂ©s dont il n’aurait pas imaginĂ© ĂȘtre capable avant de faire ces rencontres.

«On est venu seul.e. On ne connait personne ici. Et 5min plus tard, on est dans une Ă©quipe. J’ai la soixantaine, il en ont 20, 25 tout au plus. Et alors? On lutte ensemble, on est liĂ©s, rien d’autre ne compte. Le mĂȘme Ă©lan, le mĂȘme combat. Cette nuit, on prendra la route, n’en dĂ©plaise aux bleus, et on redorera une petite gare, de celles qu’on aime!»

Certain.e.s ont Ă©galement fait des rencontres sensoriellement riches et surprenantes avec le vivant hebergĂ© par la sublime VallĂ©e du Ciron 😉

«Un amateur, je crois passionnĂ©, nous a fait sentir la crotte d’une loutre en disantȍa sent le fruit de mer«, ce qui signifie qu’elle a mangĂ© de l’écrevisse! On n’empĂȘchera jamais les amoureux.ses de la nature de sentir les crottes de loutre.»

 

Les rencontres entre ces individualitĂ©s et collectifs divers, qui sont habituellement atomisĂ©.e.s dans un quotidien soumis aux dynamiques capitalistes aliĂ©nantes et souvent mis dos Ă  dos par les discours mĂ©diatiques prĂ©dominants, crĂ©ent des interactions et des liens prĂ©cieux. De ces rencontres, naissent la solidaritĂ© et la possibilitĂ© d’agir ensemble, de ne plus se sentir isolĂ©.e.s face au rouleau compresseur de l’Etat et des entreprises. Certaines vont fleurir immĂ©diatement et prendre racine sur le temps long, d’autres encore resteront peut-ĂȘtre en dormance pour refleurir plus tard, ici ou ailleurs.

Nous chĂ©rissons ces rencontres ; nous continuerons de, et invitons Ă , les nourrir afin de renforcer le camp de la rĂ©sistance – non seulement face aux grands projets inutiles et imposĂ©s, comme les LGV, mais Ă©galement face au systĂšme capitaliste Ă©tatique dont ils sont Ă  la fois un carburant et un symptĂŽme.

QUI SOMMES-NOUS / C'EST QUOI CE SITE ?

Site « ressource »

Ce site a pour but de partager les ressources et les informations concernant le projet du GPSO et les activitĂ©s des diffĂ©rents collectifs contre le projet de LGV Bordeaux-Dax et Bordeaux-Toulouse. Il doit permettre Ă  toute personne souhaitant s’informer ou s’investir de trouver facilement les informations et les contacts utiles Ă  la mobilisation.

… rĂ©alisĂ© depuis le mouvement de lutte !

L’ensemble des collectifs, constituant un rĂ©seau d’opposants sur le territoire nĂ©o-aquitain, est prĂ©sentĂ© sur une page dĂ©diĂ©e de ce site. Vous pouvez directement rejoindre le mouvement de lutte en rentrant en contact avec ces derniers ou en contribuant d’une autre façon ici.
3/6/23 - Pose d'une banderole devant le ChĂąteau MĂ©jean, situĂ© sur le tracĂ© de la LGV, rachetĂ© par la SNCF. Initiative prise Ă  l'occasion du rassemblement Ă  St MĂ©dard d'Eyrans oĂč se tenait la premiĂšre assemblĂ©e LGV NON MERCI. Cette rencontre signait le dĂ©but de la fin de ce projet destructeur.