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L’Autorité environnementale vient de rendre son avis concernant les aménagements ferroviaires au sud de Bordeaux (AFSB), composante des lignes à grande vitesse devant relier Bordeaux à Toulouse et Dax. Elle pointe la faible justification de l’intérêt des aménagements pour décarboner les transports…

C’est ce que dénoncent nos collectifs depuis maintenant des mois : les AFSB ne sont que le cheval de Troie des LGV, pensé par et pour les lignes à grande vitesse, et justifiée à la hâte par SNCF Réseau par la prétendue nécessité d’augmenter les capacités de transport. Or cela se retourne contre eux : les chiffres de fréquentation des lignes à terme, annoncés lors de l’enquête publique, peuvent être assurés par les lignes existantes : une révélation de TransCUB qui en aait obtenu la preuve par erreur !

Le maître d’ouvrage SNCF Réseau a déposé fin février la demande d’autorisation environnementale pour la création d’une troisième voie ferrée au sud de Bordeaux : un chantier d’au moins huit ans, donnant lieu à la destruction de 34 habitations et de nombreux hectares d’habitats d’espèces protégéees. 

En attendant la décision du préfet, l’Autorité environnementale a rendu ce 25 avril son avis.  Elle pointe des manques étonnant au vu de l’ampleur de ce chantier estimé à plus de 700 millions d’euros : notamment l’absence d’étude sur la nouvelle offre de transport et le report modal induits par la future infrastructure. Ce qui vaut pour une « non-conformité réglementaire » prévient l’Ae. « Sans étude de déplacements il n’est pas possible d’évaluer avec précision les incidences des transports notamment sur les émissions de gaz à effet de serre, le bruit, la pollution atmosphérique et la santé humaine. » Un constat qui motive l’organe consultatif à demander de reprendre les raisons impératives qui confèrent au projet un intérêt public.

Ceci est d’autant plus étonnant que c’est précisément le sujet qui pose question entre promoteurs du projet et collectifs : les premiers répétant partout sans aucune preuve ni fondement que les AFSB permettrait une « amélioration du trafic TER » et « un report modal de la voiture sur le train », ce qui est démenti par les faits depuis des semaines.

L’autre enjeu d’attention concerne les impacts sur la faune et la flore. « Le volet « biodiversité » ne comporte qu’une synthèse très partielle de la démarche pourtant développée dans la demande de dérogation « espèces protégées » »relève l’Ae alors que 97 espèces classées comme telles sont concernées sur la zone. SNCF Réseau dit être en mesure de rassembler 100 % du foncier dédié à la compensation des espaces détruits d’ici le mois de septembre. Mais reconnaît aussi ne pas pouvoir éviter une dette écologique pour trois espèces : le vison d’Europe, le cistude d’Europe et le crapaud calamite. Seul 0,3 % du budget du projet est consacré à la compensation et à l’évitement.

Côté bruit, l’autorité regrette que l’étude acoustique ne soit pas présente dans le dossier du maître d’ouvrage alors que 177 bâtiments sont exposés à des nuisances sonores non-négligeables. « Le volet « bruit » repose sur des hypothèses et des raisonnements implicites qui ne permettent pas de s’assurer que la réglementation est correctement appliquée et, a fortiori, de garantir une protection équitable des riverains alors qu’il s’agit d’un enjeu majeur du projet », mentionne l’Ae. Ceci alors que des procès sont encore en cours justement sur les sujets de nuisances sonores entre riverains de la LGV Bordeaux-Tours et SNCF Réseau.

Pour ce chantier qui avancerait apparemment tête baissée, une base travaux est prévue sur la gare de triage d’Hourcade, à l’abandon, à trois kilomètres au sud de la gare Bordeaux Saint-Jean.

 

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Les militants de l’association Alerte LGV Thau (ALT) ont réuni une centaine de personnes, samedi 4 mai, au domaine de Creyssels, à Mèze, pour un moment partagé, une balade et plusieurs prises de parole. Ce collectif est actif depuis 2021contre la Ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP), pour dénoncer et visibiliser les impacts de ce projet pensé pour la vitesse sans tenir compte des enjeux du territoire. Elleux citent « le viaduc de 20 à 28 mètres de haut et 1,4 km de long à Poussan », « le risque de pollution de l’étang de Thau en cas d’accident », « les 17 zones de captage d’eau potable concernées par le projet (donc celui d’Issanka) », « le creusement de la Gardiole » ou encore « l’impact sur 55 sites du réseau Natura 2000 ». Sachant que la gare de Sète serait privée « à 80 % du trafic TGV ».

Quant à l’utilité de ce projet, son approche purement orienté sur la vitesse est remise en question : « la SNCF s’appuie sur un débat public daté de 2009, dans le but de faire circuler des TGV voyageurs jusqu’à 320 km/h entre Montpellier et Perpignan. Pour que les trains atteignent cette vitesse, le tracé droit être rectiligne. Il traverse donc les zones sensibles et contribue à la création de plusieurs viaducs. Nous proposons un tracé pensé pour une circulation des trains à 220 km/h, dans le respect de l’environnement, de notre patrimoine et de nos paysages. » Un parcours qui serait plus sinueux pour épargner les zones à risques, et supporterait les dénivelés pour éviter la création de viaducs ferroviaires.. 

En effet à la différence de nos collectifs LGV NON MERCI qui luttent pour la rénovation et l’entretien des lignes et du service ferroviaire actuel en Nouvelle-Aquitaine, le collectif ALT propose un tracé alternatif de ligne nouvelle qui préserverait au mieux l’environnement et le vivant, car la ligne actuelle n’est pas viable sur 50 ans en raison de la montée des eaux. À ce jour, cette option ne retient pas l’attention de la SNCF.

« En quinze ans, les circonstances ont suffisamment changé pour qu’un débat soit relancé », estime, pour sa part, l’avocate montpelliéraine Hélène Bras, qui défend l’association. Elle participait, vendredi, à une réunion de la commission intercommunale d’aménagement foncier (CICAF), en présence d’agriculteurs, des services du Département de l’Hérault et d’un bureau d’études. L’occasion d’apprendre que la SNCF « recherche 1 800 ha dans le cadre des mesures ERC (pour Éviter, Réduire, Compenser, visant à réduire la perte de biodiversité). C’est tout de même préoccupant sur leurs intentions. »

C’est que la lutte porte aussi sur l’intérêt de la grande vitesse en soi, avec ce qu’elle signifie d’impacts et d’aliénation des modes de vie, tandis que pour la SNCF, cette Ligne nouvelle Montpellier-Perpignan est le « dernier maillon restant à construire » pour assurer la continuité de la grande vitesse entre la France et l’Espagne.

Si Sète Agglo est parmi les financeurs (12,4 M€) de la LNMP, plusieurs maires de l’Agglo soutiennent la proposition d’ALT, parmi lesquels Josian Ribes, le maire de Montbazin, présent samedi matin à Mèze. « Je soutiens depuis le début, dans le cadre de la charte de l’Observatoire du Pays de Thau. On nous dit qu’on va devoir payer pour une ligne qui ne va rendre aucun service au territoire, sans même créer une gare ! Tout ça pour gagner 18 minutes sur un Perpignan-Paris… »

Les études de conception sont toujours en cours, en attendant une nouvelle enquête publique sur le génie civil… en 2027. Côté juridique, si la phase 1 a été déclarée d’utilité publique le 16 février 2023, l’association ALT a saisi le Conseil d’État, en avril, d’un recours en annulation. 

Sur son site dédié, la LNMP affiche un début des travaux de la phase 1 « avant fin 2029 » pour une mise en service « à l’horizon 2034 ». Coût total : 6,12 Mds € (2,04 Mds € pour la seule phase 1). 

 

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Nous vous l’avions annoncé il y a plusieurs mois : du 2 au 5 avril se sont tenus à Bruxelles les Connecting Europe Days organisés par la Direction Générale de la mobilité et des transports (DG MOVE) de la Commission européenne, en lien avec la Belgique qui assume la présidence tournante du Conseil de l’UE. Lors de ces quatre jours, plus de 3000 participants, représentant divers secteurs des transports, ont échangé avec des parlementaires européens, des représentants de la Commission européenne, des PDG d’entreprises ferroviaires, des élus nationaux et locaux ou encore des universitaires.

A cette occasion, la Nouvelle-Aquitaine était représentée par Bixente Etcheçaharreta (Porte-parole de la Région), aux côtés de Carole Delga, Présidente de la Région Occitanie et de Jean-Pierre Serrus, Vice-Président en charge des Transports pour la Région PACA. Ceux-ci ont tenu un stand commun sur les trois projets de LGV du Sud de la France (Grand Projet du Sud-Ouest, GPSO, Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan, LNMP, et Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur, LNPCA) pour lesquels des financements européens manquent encore à l’appel.

D’où l’importance pour elleux de mettre en avant la dimension européenne des tracés, quand bien même le tronçon Dax-Espagne du GPSO est reporté faute d’intérêt par les habitant.e.s du Sud-Ouest, prêt à se révolter à nouveau lorsque le chantier refera l’actualité. Leur auditoire était composé… d’une soixantaine de personnes seulement, tous et toutes déjà convaincus des bienfaits de ces projets pour leurs profits.

En particulier se retrouvaient dans un parfait petit entre-soi les coordonnateurs des corridors européens (comprendre en quelque sorte les chefs d’orchestre du transport de marchandises), des directeurs de la DG MOVE, des eurodéputés, des représentants des régions mais également des représentants des ministères et des gestionnaires des infrastructures espagnols et français. 

Lors de cette intervention, il a été rappelé la nécessité d’avoir un « accompagnement financier européen pour de tels projets et de telles infrastructures » : effectivement Alain Rousset et Carole Delga savent très bien que le financement de ce projet est bancal sur toute la ligne… au vu des milliards qui manquent encore et des difficultés actuelles des collectivités signataires pour justifier les millions investis à une population qui ne bénéficiera jamais des LGV.

En parallèle des débats, nombre d’échanges ont été organisés par la Région Nouvelle-Aquitaine avec l’Agence CINEA et la DG MOVE sur le GPSO et la ligne ferroviaire transfrontalière Pau-Canfranc-Saragosse. Face à ce lobbying intensif, nos collectifs opèrent un contre-lobbying dont vous aurez prochainement quelques nouvelles…

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Employant 11 000 collaborateurs, implantée dans 80 pays, présentée comme le numéro trois mondial du secteur… La société Systra «a participé à la conception de la moitié des lignes de métro et de la moitié des lignes à grande vitesse dans le monde» et a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires «d’environ 1,1 milliard d’euros», indiquent RATP et SNCF, une hausse de 40% en deux ans. C’est notamment SYSTRA qui a produit les études pour certaines opérations du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest, ce qui lui donne déjà un pied dans le projet des LGV du Sud-Ouest le plus gros projet de LGV de France.

Le groupe est aujourd’hui contrôlé par la SNCF et la RATP, détentrices chacune de 43,4% des parts. Mais Systra devrait passer lors du second semestre 2024 sous la coupe de la société de gestion indépendante Latour Capital et de la holding d’investissement Fimalac pour poursuivre son développement rapide sur la scène internationale. Les deux géants du ferroviaire ne vont pas quitter le conseil d’administration de Systra pour autant. Latour Capital et Fimalac comptent acquérir au total 58% du capital du groupe d’ingénierie, dont une partie d’actions auto-détenues par le groupe. SNCF et RATP «resteront actifs dans la stratégie de Systra en conservant chacun une participation de 20%», précisent les deux groupes, qui n’ont communiqué aucun montant pour la transaction.

 

L’objectif : «devenir le leader mondial incontesté dans l’ingénierie du rail» avec «2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2030», selon Jean-François Beaudoin, associé sénior dans la société française Latour Capital dans un communiqué conjoint. Le groupe Systra ne possède pas d’usines, mais délivre de la prestation intellectuelle et des études à l’occasion de créations de lignes, de prolongements ou d’automatisations des réseaux. C’est le cas, par exemple, sur la maîtrise d’œuvre des systèmes des quatre futures lignes du Grand Paris Express ou celle du tunnel de la LGV Lyon-Turin.

Et vive la croissance qui nous fait foncer dans le mur (on fera du PIB pour le reconstruire tiens) !

Documents reçus par LGV NON MERCI

On apprend quelques informations utiles sur les prochaines étapes du chantier du plus gros projet d’infrastructure de France :

  • L’enquête environnementale sur les AFSB devrait se tenir en juin juillet 2024, préalable à l’autorisation de lancement des travaux par le Préfet ;
  • Le début des travaux sur les AFSB est donc annoncé pour l’automne 2024 (en toute hypocrisie, comme sur les AFNT, ceci est visiblement enteriné quels que soient les résultats de l’enquête environnementale)
  • Un second volet de recherches archéo aura lieu en 2024.
Calendrier des travaux sur l'ensemble des opérations en 2024
Calendrier des travaux sur l’ensemble des opérations en 2024
Calendrier des travaux sur les Lignes Nouvelles
Calendrier des travaux sur les Lignes Nouvelles
Calendrier des travaux sur les AFSB
Calendrier des travaux sur les AFSB
Bilan des enjeux fonciers par type de terres et par département
Bilan des enjeux fonciers par type de terres et par département

 

Les calendriers détaillés des prochaines étapes de ces chantiers sont disponibles en lignes ici : LGV NON MERCI > où en est le projet en 2024 ?
Par ailleurs sur les différents sujets de fond du projet :

  • Des précisions sont données sur le calcul des surfaces artificialisées : un chiffre sorti du chapeau de 15 mètres est formulé, tandis qu’une simple mesure prise au hasard sur la LGV Tours-Bordeaux montre qu’une plateforme LGV fait déjà 60 mètres de grillage à grillage. Une aberration de plus… ;
  • Le maire de Cadaujac soulève une inquiétude sur la destruction programmée du moulin de l’Eau Blanche, un autre bâti d’importance non loin de la ferme de l’Esclopey : les destructions s’enchaînent à Cadaujac sans prise en compte réelle des impacts du projet et des habitats d’espèces protégées ;
  • Soulignons l’incohérence des arguments de M. Duprat, conseiller métropolitain, et M. Bonamy, conseiller régional Occitanie, donnés sans aucun fondement, portant sur le report modal induit par les LGV et la nécessité d’une nouvelle voie pour augmenter les capacités ferroviaires. Ces arguments sont contredits point par point dans le dernier avis de l’Autorité environnementale sur les AFSB : leurs arguments sont indémontrable et c’est justement un vice légal que de ne pas le démontrer !
  • Il est fait mention du bilan LOTI de la LGV Tours-Bordeaux qui devrait arriver avec les chiffres de compensation « bons » en dépit des impasses intellectuelles que couvrent ce vocable de ‘compensation’.. Le député Loic Prudhomme les interpelle alors en questionnant la légitimité de LISEA (concesssionnaire de la Tours-Bordeaux, filiale de Vinci) à faire lui même son propre bilan LOTI ;
  • Nombre d’élus et représentants locaux interpellent le Préfet quant à son allocution dans le journal Sud-Ouest du 21 mars : nos collectifs ont produit un droit de réponse que le journal a d’ailleurs refusé de publier. Nous publions cet article dans notre blog mediapart ! A diffuser partout.
  • D’autres interpellations du Préfet portent sur l’aspect anti-démocratique du projet : le préfet se couvre en disant que les personnes invitées à ces réunions représentent le grand public, chose que nous contestons étant donné qu’aucun collectif d’opposant ou citoyen n’est invité à ces réunions et que leurs arguments sont complètement occultés des allocutions publiques régulières de ces promoteurs du projet. De plus nos collectifs ont répondu il y a quelques semaine à une demande de rendez-vous par SNCF Reseau, en demandant des réponses à des questions précises faites en publiques ou enregistrées : ceux-ci n’ont obtenu aucun retour ;
  • Le préfet et les promoteurs du projet notamment côté SNCF Réseau bottent en touche sur la question du coût des péages ferroviaires de ces lignes nouvelles si elles voient le jour et globalement de leur coût d’exploitation : ainsi à date personne ne sait combien coûterait le chantier dans son ensemble, mais personne ne sait non plus comment on va financer l’exploitation et entretien des lignes ensuite !
  • Enfin petite correction des propos mensongers du Préfet qui affirme que ‘les recours n’ont pas abouti‘ en omettant de dire que 5 recours sont actuellement en procédure contre le GPSO. Communication à venir sur nos réseaux sociaux…

C’est le retour de la Sarabande ! Tout juste arrivés de La Grande Vadrouille, et plus déterminés que jamais, les collectifs membres de LGV NON MERCI en lutte contre les lignes à grande vitesse Bordeaux-Dax et Bordeaux-Toulouse vous donnent rendez-vous en Lot-et-Garonne. StopLGV47 vous prépare deux jours de mobilisations festives, familiales et citoyennes.

📍 De Saint-Michel-de-Castelnau à Vianne dans le Lot-et-Garonne

📅 Les 25-26 mai 2024

Au programme du weekend : convois, vélorution, stand d’informations, prises de parole des collectifs et élu.e.s, concerts, débats, balade naturaliste… Evoquons ensemble les prochains temps forts du mouvement contre les lignes LGV. L’automne 2024 marquera un tournant décisif dans notre combat.

Programme et autres informations venir sur https://www.lgvnonmerci.fr/sarabande/. D’ici là pour soutenir StopLGV47 :