Les promoteurs du projet de lignes a grande vitesse dans le sud-ouest s’activent avec hardiesse pour faire avancer leur projet et instaurer le fait accompli. A la manoeuvre, le préfet coordinateur du projet Pierre André Durand et Alain Rousset, qui professent quelques beaux mensonges en conférence de presse le 7 octobre. L’instrumentalisation des medias joue ainsi a plein, raison pour laquelle un décryptage s’impose !

 JEU DE DUPE | D’après les coordinateurs du projet, le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest devrait désormais s’appeler ‘Ligne nouvelle Sud-Ouest’ pour « mieux montrer que la liaison ferroviaire est en phase opérationnelle » et parce que l’on passe « du projet au chantier ».

👉 Avec ce tour de passe passe sur les acronymes, on oublierait presque que pas une seule machine n’avance aujourd’hui sur le tracé des lignes à grande vitesse. En effet, seuls les aménagements ferroviaires au sud de bordeaux et au nord de toulouse, présentés séparément des lignes nouvelles dans le découpage du projet, sont officiellement autorisés à entrer en chantier.

‼️ Si les expropriations et destructions de maisons sur ces opérations sont effectivement advenues de force, les travaux sont loin d’être entérinés. 5 recours juridiques sont en cours d’instruction, les élu.e.s et habitant.e.s s’opposent de plus en plus massivement aux aménagements préparant l’arrivée des LGV, et des écureuils bloquent les abbattages d’arbre depuis le 1er septembre. Or le défrichage est la première étape du chantier, elle bloque tout le reste.

OMBRE ECONOMIQUE | Le coordinateur du réseau européen – Carlo Secchi – tente de rassurer les pro-LGV en affirmant que les investissements en faveur des infrastructures ne comptent plus dans le deficit budgétaire de l’Etat. 

👉 Le plan de financement étant notoirement des plus bancal, et attaqué en justice par deux recours au Tribunal Administratif de Toulouse, il faut surtout voir dans ces propos le miroir d’une cetaine inquiétude, celle des acteurs économiques, quand a la faisabilité du projet. A mesure que son irrationalité économique devient patente, les pro-LGV s’inquiètent des milliards qui manquent encore à l’appel…

ENCORE ET TOUJOURS, LES PROPOS MENSONGERS D’ALAIN ROUSSET | Le Président de Région a fait quelques sorties pour justifier un projet que tout porte à qualifier d’anachronique :

Premièrement, rénover la ligne existante coûterait selon lui « aussi cher que la LGV« , soit plus de 15 milliards d’euros.
👉 Un enfant saurait douter d’une telle affirmation : le budget total du projet revient plus cher que le déficit de 13,5 milliards d’euros annoncé pour 2030 et qui a servi à justifier la réforme des retraites !

Selon lui aussi, le réseau serait saturé, on ne « peut plus faire rouler un TER de plus vers Langon » et la LGV serait la seule solution à la décarbonation des transports.

👉 On peut alors se demander comment s’en sortent nos voisins suisses qui font circuler 670 trains par jours sur trois voies alors que la projection des AFSB est d‘une centaine de trains par jour à l’horizon 2032, en comptant le Service Express Metropolitain, qui se met en place en dehors du projet soumis a la déclaration d’utilité publique ;

👉 On peut aussi questionner la rationalité de construire 15 milliards d’euros de voies supplémentaires pour résoudre le bouchon ferroviaire de Langon, et questionner la censure opérée sur l’alternative de réhabilitation des voies existantes au sud de Bordeaux (à Beautiran) pour résoudre cette problématique a moindre frais

Enfin, les LGV permettraient « moins d’avion, moins de camions » pour « respecter nos engagements climatiques« 

👉 Sauf que :

• La LGV Paris-Bordeaux a montré qu’une LGV supplémentaire n’avait aucune incidence sur la croissance de l’aérien (l’aéroport de Bordeaux est d’ailleurs en pleine extension) ;
• L’approvisionnement du chantier va supposer un trafic supplémentaire sur les axes routiers par camions de 15%, non compté au bilan carbone du projet (non plus le coût carbone des extensions de carrière ou la destruction de 2850 ha de forêts puits de carbone) ;
• Le déclin du fret ferroviaire est continu depuis des décennies malgré la construction de 2800km de LGV depuis les années 80.

FUIR DEVANT L’EVIDENCE | Par ailleurs, devant les arguments des opposants au projet de lignes à grande vitesse, les promoteurs se dérobent.
C’est ce qui s’est produit pas plus tard que le 5 octobre à La Reole, où Alain Rousset a annulé sa venue à l’événement socialiste Place Publique porté par Raphaël Glucksman, suite à l’interpellation des membres du collectif LGV Desrailha rappelant les aberrations des LGV Bordeaux-Toulouse et Dax.

👉 C’est une facon parmi d’autres, pour les collectifs, de remettre sur le devant de la scène ce qui est trop facilement occulté par les promoteurs du projet : 92% des habitant.e.s ont donné un avis défavorable au projet en septembre dernier dans l’enquête publique environnementale !