La cerise sur le gâteau, c’est de mentir sur le bilan carbone 🚛
Un bilan carbone négatif jusqu’en 2060 !
- 4,5 millions de tonnes de CO2 eq. seraient générées uniquement par le chantier, d’après la contre-étude carbone faite par LGVEA contestant le chiffre RFF de 2,5 millions de tonnes CO2 eq. ;
- C’est donc l’équivalent de 28 millions de personnes faisant l’aller–retour Toulouse–Paris en avion. Sources : calculateur ADEME et chiffres du trafic annuel aérien ;
- Impact carbone de 33 Millions de m³ de déblais/remblais soit 481 000 tonnes de CO2, c’est l’équivalent de l’impact de CO2 émis par 48 000 français pendant un an !
- L’impact du volume de matériaux à déplacer correspond au déplacement quotidien de 2 500 camions poids lourd pendant toute la durée des travaux
– Source : Rapport d’enquete publique de 2015, p527 : « Le trafic routier lié à la durée du chantier est estimé à environ 1250 poids lourds par jour et par sens.« ; - L’étude carbone du GPSO a « oublié » : l’impact des nombreuses gravières et carrières, des postes de transformation électrique, la surface des centrales de panneaux solaires pour alimenter la LGV, le déplacement de conduites de gaz et les transports relatifs à ces travaux.
- Et ce n’est pas nouveau : « Un Bilan carbone conduit par RFF sur la branche Est du TGV Rhin-Rhône (ouverte au trafic fin 2011) a montré qu’il fallait attendre 12 années de trafic pour compenser, par la baisse des émissions de CO2 permises par les TGV, les émissions liées au chantier de construction. Mais comme les trafics sont très inférieurs aux estimations initiales, il faudra 25 années au moins pour arriver à ce résultat. » [Source : Les métamorphoses du modèle économique de la grande vitesse ferroviaire, de Yves Crozet].
Citons plus particulièrement le CESER (Source : Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest, Interrogations, attentes et exigences, CESER Nouvelle-Aquitaine, février 2023, p20 et suivantes) :
Les dommages environnementaux, inhérents à la construction d’infrastructures linéaires de transport, prennent un relief particulier alors que les enjeux énergétiques et climatiques deviennent de plus en plus pressants. Le GIEC, dans le troisième volet de son sixième rapport d’évaluation sur le changement climatique, donne trois ans pour agir : pour limiter le réchauffement à 1,5°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) devraient atteindre leur valeur maximale avant 2025, puis diminuer de 43 % d’ici à 2030. Les années à venir seront donc décisives : « nous nous trouvons à la croisée des chemins. En prenant les bonnes décisions aujourd’hui, nous pouvons garantir un avenir vivable » a ainsi déclaré le Président du GIEC lors de la sortie du rapport. L’urgence à agir est également rappelée par le Haut Conseil pour le Climat, qui considère, dans son dernier rapport, que la France ne progresse pas suffisamment en matière de lutte contre les dérèglements climatiques, ce qui doit amener à doubler le rythme annuel de réduction des émissions sur la période 2022–2030.
Or les travaux liés à l’ensemble du projet engendreront 3,3 millions de tonnes équivalent CO2. La phase 1 de GPSO devrait plus précisément conduire, selon les estimations du dossier d’enquête d’utilité publique, à l’émission de 2,5 millions de tonnes équivalent CO2. Les travaux génèreront une importante dette carbone, qui devrait ensuite être compensée, du fait des émissions évitées (report modal), après dix ans d’exploitation. Le bilan carbone sera ainsi négatif à court terme, période où d’importants efforts de réduction des émissions de GES devront être réalisés, avant de devenir positif à l’horizon des vingt prochaines années (dix ans de travaux et dix ans d’exploitation). Les bénéfices attendus du projet s’inscrivent donc dans une temporalité longue, qui peut au surplus être percutée par divers évènements imprévus, comme la guerre en Ukraine et ses conséquences énergétiques l’ont récemment démontré.
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Le bilan carbone réalisé en 2014 devrait être actualisé pour s’assurer que le projet est compatible avec l’objectif d’atteinte de la neutralité carbone en 2050. Or, en près de dix ans, la situation pourrait avoir évolué. En particulier, certains éléments pourraient rendre le bilan carbone moins favorable qu’estimé en 2014 : d’un côté, les objectifs climatiques ont été renforcés avec l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 ; de l’autre, les émissions évitées pourraient être moins importantes que prévu, du fait par exemple de l’accélération de la vente de véhicules électriques ou de nouvelles dynamiques sociales (moindre recours aux déplacements professionnels du fait du développement des visioconférences ?). Le CESER constate, sur ce projet comme sur d’autres, l’absence de prise en compte de la globalité des coûts carbone liés à l’importation des matériaux, composants… nécessaires au projet. Par ailleurs, le CESER attire tout particulièrement l’attention sur le risque d’effets-rebonds liés par exemple aux mobilités supplémentaires induites par les nouveaux services à grande vitesse, qui pourraient fragiliser le bilan carbone global du projet.